Accident d'un avion Airbus A320-233 de TAM Linhas Aéreas
São Paulo, Brésil -
Mis à jour le
Le vol 3054 de TAM effectuait un vol passager entre Porto Alegre (Brésil) et São Paulo-Congonhas (Brésil). L’avion transportait 181 passagers et 6 membres d’équipage. Il s’est écrasé à l’atterrissage, tuant tous les occupants et 11 autres personnes au sol.
L’Airbus A320 de Tam Lineas Aeras (la plus importante compagnie aérienne du Brésil) a dérapé sur la piste 35 de l'aéroport Congonhas, rendue glissante par la pluie, puis a traversé une autoroute très fréquentée et a fini sa course entre une station-service et un bâtiment de la TAM, où il a explosé.
La vidéo de l’atterrissage montre que l’avion aurait accéléré après avoir touché la piste. D'un autre côté, la compagnie aérienne TAM a aussi expliqué que l’avion volait avec un inverseur de poussée en panne. L’A320 est autorisé à voler avec une telle panne, et peut se poser en toute sécurité. Mais le pilote doit alors garder en mémoire que sa puissance de freinage est réduite.
Environ 5 minutes avant l’atterrissage, le commandant de bord rappela que l’un des inverseur de poussée était en panne :
Rappelles-toi, nous n'avons qu’un seul inverseur.
Le copilote répondit :Oui, seulement le gauche.
L’approche se passe normalement. Mais 2 secondes avant l’atterrissage, l’enregistreur d’ambiance enregistre le bruit d’un mouvement des manettes des gaz, et les moteurs qui augmentent en puissance. Les manettes des gaz semblent avoir été mises dans une mauvaise position pour l’atterrissage, accélérant l’avion au lieu de le freiner. Soit l’équipage s’est trompé dans la position de la manette des gaz, soit les manettes avaient bien été mises dans la bonne position mais un calculateur de l’appareil a répondu de manière erronée. Dans tous les cas, cette situation n’a pas arrangé un atterrissage qui s’annonçait déjà difficile.Au moment où l’avion touche le sol, le copilote rappelle que seul l’inverseur gauche marche, puis s’exclame :
Pas de spoiler.
Normalement, les spoilers auraient du se déployer pour aider l’avion à freiner, mais visiblement, cela n’a pas été le cas. 5 secondes plus tard, le copilote s’alarme :Décélère, décélère
Le commandant de bord répond :Je ne peux pas, je ne peux pas
Les derniers mots enregistrés de l’équipage sont :Aller, aller, aller, tourne, tourne, tourne, tourne
Quelques secondes plus tard, des bruits sourds de déchirement de tôles sont enregistrés au milieu de cris.Un Airbus A320 dispose de trois systèmes pour freiner au sol :
- Les freins des roues,
- Les spoilers : petits panneaux situés sur les ailes et qui aident au freinage en augmentant la traînée de l’avion et le frottement des roues sur la piste, et
- Les inverseurs de poussée : dispositif montée sur les moteurs qui permet de détourner et d’éjecter le flux d'air du réacteur vers l’avant, ralentissant ainsi l’avion.
L'approche s'est faite sous automanette, les manettes de gaz dans le cran Climb. Au touché des roues, l'automanette s'est automatiquement déconnectée et le régime moteur a été figé jusqu'à ce que les manettes de gaz soient physiquement manœuvrées par l'équipage. Les procédures avions prévoient qu'en cas de désactivation d'un inverseur de poussée, l'équipage doit manœuvrer les commandes les deux moteurs, la neutralisation physique (portes des inverseurs boulonnées) et informatique (calculateur désactivé) se chargeant de ne pas passer le moteur désactivé en inversion de poussée et de le limiter au ralenti. Mais pour cet atterrissage, le pilote n'a ramené que la manette du moteur 1 en inversion de poussée, et les régimes moteurs se sont synchronisés avec la position des manettes de gaz : le moteur 1 est passé en inversion de poussée, et le moteur 2 est reparti en poussée de montée (légèrement inférieure à plein gaz).
Le moteur 2 étant en poussée positive, le freinage automatique et les spoilers ont été désarmés et ne se sont pas enclenchés. Par ailleurs, la poussée du moteur 2 contrecarrait les actions de freinage du pilote, et ne laissait aucune chance à l’avion de s’arrêter avant le bout de piste. L'équipage n'a pas su réagir et n'a pas identifié le problème, ce qui a conduit à la sortie de piste.
Par ailleurs, la piste de l’aéroport de Sao Paulo's Congonhas est longue de 1939 mètres. Elle a souvent été critiquée pour être dangereusement courte et encerclée par la ville. Deux avions avaient d’ailleurs récemment dérapé sur cette piste sous la pluie, sans faire de victime. Certains pilotes la surnomment le "porte-avion" : sur cette piste courte et entourée de zone densément peuplées, les pilotes doivent remettre les gaz s’ils n’ont pas touché le sol dans les 300 premiers mètres.